Livre : « La Vie au bout des doigts »

Article de Camille

Honnêtement, je ne m’attendais pas à autant aimer ce livre ! Si je n’avais pas lu un jour un livre s’appelant La Soie au bout des doigts (rien à voir), je n’aurais pas été intriguée par la couverture assez fade ni par le titre particulièrement percutant. Mais, bien heureusement, j’ai saisi le livre, intriguée par son titre, et l’ai retourné pour lire le résumé. Après avoir lu les 7 premiers mots précisément, j’étais décidée : j’allais lire ce livre, même si je n’étais pas sûre de le finir, les prénoms des personnages ne m’attiraient pas et la petite note « fresque historique […] richement documentée » ne pressentait rien de bon, alors qu’elle était vraie, mais dans le meilleur sens du terme !

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blog-vh-la-vie-au-bout-des-doigtsTitre : La Vie au bout des doigts

Auteur : Orianne Charpentier

Date de parution : 2014

Prix papier : 14,5 €

Prix Kindle : 11 €

Résumé : Novembre 1913. Après plusieurs années de pensionnat, Guenièvre, quatorze ans, est une jeune fille rejetée et mal dans sa peau. Certains la traitent de sorcière… Seule l’amitié de Pauline, qui l’ouvre aux réalités de son époque, illumine son existence.
Un jour, elle est recueillie par sa grand-mère et apprend la vie à la campagne dans un vieux manoir en ruine mais entourée aussi de l’affection de Perpétue, la fidèle cuisinière, et du bel Edmond, bientôt mobilisé. La Belle Époque bascule alors dans la Grande Guerre et la vie de chacun, hommes, femmes, enfants, s’en trouve bouleversée. Guenièvre devra se battre, elle aussi, à l’arrière, pour survivre au quotidien, percer le secret de sa famille et se découvrir elle-même…

 » Le pouvoir t’asservit, la puissance est service. Le pouvoir est orgueilleux, la puissance est humble. Le pouvoir arrive sur un trône, la puissance sur un petit âne. »

La Vie au bout des doigts, Orianne Charpentier

-> Ça fait méditer…

Mon avis

Si j’ai craint un moment que ce livre soit un peu fantastique, parce que le résumé indique que Guenièvre est considérée comme une « sorcière« , que sa famille cache un secret, etc, pas du tout ! Soyez rassurés (ou pas, selon vos goûts) : c’est un roman historique du début du XXe siècle tout à fait vraisemblable, dont l’auteure dit s’être inspirée de Downton Abbey pour trouver la période correspondante à cette histoire de « don au bout des doigts » (dont il est finalement assez peu question) : voilà qui présageait un bon livre !

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J’ai beaucoup aimé l’intrigue, qui raconte la vie de Guenièvre depuis son adolescence – voire son enfance – jusqu’à ce qu’elle devienne une jeune adulte à la fin de la guerre. On la suit tout du long, depuis ses tristes années au pensionnat jusqu’à sa nouvelle vie à la fin de la guerre en passant par de nombreuses péripéties et rencontres qui la plongent dans l’enfer de la Première Guerre Mondiale, elle qui a vécu tout près du front. On a l’habitude, en lisant des livres YA, de « devoir » s’attacher vraiment aux personnages, de se plonger à fond dans le récit. Là, on est transporté autrement, en gardant un certain recul, mais que j’ai trouvé très « reposant ». On n’a pas l’impression de se perdre au milieu de tous les sentiments, les personnages, les lieux, non ! L’auteure arrive par sa plume à nous transporter autrement, calmement, dans le récit. J’ai du mal à expliquer la sensation, mais c’était un livre comme je n’en avais pas lu depuis longtemps.

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Un roman historique, je le rappelle, est un livre dont l’intrigue se passe durant une période historique passée ayant existé, mais rédigé par un auteur contemporain, qui peut donc y inclure des personnages, des idées plus modernes aussi.

L’auteure arrive ici tout à fait à nous faire (re)vivre le début du XXe siècle, avec de nombreuses références à des événements et personnes connus, tels l’affaire Dreyfus, et  les anti-dreyfusards,

« Ces gens m’ont toujours fait un peu peur. Ils disent toutes sortes de folies, ils croient à un complot de l’étranger et à une dégénérescence du pays. Ils ont une façon haineuse d’aimer la France, et cela m’afflige… »

La Vie au bout des doigts, Orianne Charpentier

la lettre ouverte « J’accuse » de Zola, Picasso, Freud, Charcot… Des politiciens aux artistes en passant par les médecins, on croise régulièrement l’une ou l’autre des personnalités de l’époque, ce qui est tout à fait agréable pour nous replacer dans le contexte et nous rappeler ce qu’on a appris il y a quelques années, mais sans pour autant nous refaire une leçon d’histoire. (Petite parenthèse : je conseille particulièrement ce livre aux collégiens/lycéens pour découvrir de manière plus divertissante ce début de siècle et mieux le comprendre en cours.)

« Je rêve d’un monde où l’on reconnaîtra l’humanité comme un seul tout, unique et précieux, et dont chacun des membres pourra, lui aussi, être considéré comme unique et précieux. Je rêve d’un monde où nous serions tous vus comme ce que nous sommes en vérité : des êtres humains… »

La Vie au bout des doigts, Orianne Charpentier

Tout en vivant un récit bien ancré dans le début du XXe siècle, donc, l’auteure arrive à y inclure des petits détails modernes amusants qui ne jurent pas avec le reste de l’histoire, malgré une « Henriette Pottier à l’école des sorciers » en parlant de la grand-mère qui a un don, ou des références à « et si les hommes pouvaient aller sur la Lune dans un demi-siècle », qui, on le sait, se réalisera en effet !

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Ce qui m’a aussi particulièrement plu dans ce roman, concernant la plume de l’auteurehabile et bien maîtrisée -, c’est qu’il y a des passages qui sont vraiment marquants et très vrais.

« Je te dis ça pour cette guerre… Et pour la suivante… Et pour toutes les guerres de la vie. Souviens-toi, quoi qu’il se passe, que tu es un être humain. On voudra te faire haïr l’autre, on te dira toutes sortes de choses. […] Méfie-toi, méfie-toi de la haine… Et même après, quand le temps de la haine sera passé, quand tu croiras être dans le temps de l’amour, méfie-toi. […] Souviens-toi que tu es un être humain. Et que tous ceux que tu croises, ce sont des êtres humains. »

La Vie au bout des doigts, Orianne Charpentier

Si certains paraissent un peu moralisateurs à cause de quelques références à la religion catholique, à l’amour du prochain, etc, je n’ai pas trouvé ça hors-contexte et ça ne m’a pas dérangée. En peu de mots (bien que 400 pages), l’auteure arrive à nous emmener à plein d’endroits, et à nous laisser imaginer tous les détails : certains n’ont besoin que de quelques mots pour (re)créer un univers… En 7 pages de journal intime d’un poilu, Orianne Charpentier nous fait revivre l’intégralité ou presque de la guerre dans les tranchées, dépeignant très bien le sentiment que j’avais de cet horrible événement dans d’autres livres.

Conclusion

Vraiment, ce livre qui ne payait pas de mine a été une excellente surprise pour moi – d’un côté car je ne m’y attendais pas, de l’autre car ces mots et idées ont résonné profondément en moi. Je vous le conseille !

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