« Lire en anglais ? Moi, jamais ! » (or that’s what you thought…) – Partie 1

Article de Camille

Je sais, je sais, lire tout un roman en anglais, c’est effrayant au début, et il faut un peu de courage pour se lancer. Mais c’est si utile, si rewarding, que je ne peux que vous le conseiller ! Dans cette série d’articles, je vais parler de tout ce qu’il faut savoir quand on veut se lancer dans ce que j’appelle – n’ayons pas peur des mots – une belle aventure !

Partie 1 : Lire en anglais, moi, mais pourquoi ?
Partie 2 : Comment et quand s’y mettre ?
Partie 3 : Et maintenant que j’ai commencé, je fais quoi ?

Disclaimer : cet article sera possiblement parsemé de mots en anglais. Je m’en excuse d’avance, je n’adore pas les anglicismes, mais là je ne peux pas faire sans, cet article je le pense déjà à moitié en anglais…

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Lire an anglais, moi, mais pourquoi ?!

C’est peut-être la question que certains d’entre vous se posent, et je sais que pour beaucoup, la réponse immédiate est « parce que parler anglais est indispensable aujourd’hui dans le monde professionnel ». Une réponse très joyeuse et romanesque, non ? … Non ? On va essayer de rendre ça un peu plus intéressant dans cet article ! Monde du travail, goodbye, aventure littéraire et personnelle, hello !

Do you speak English? Yes? Then you can read in English too! :)

 On va voir pourquoi lire en anglais tout simplement, en listant les avantages. Sorry not sorry mais je ne peux voir aucun inconvénient…

Lire les livres en VO dès leur sortie.

C’est un argument que j’entends assez régulièrement, et il n’est pas bête : quand vous avez commencé une série livresque en français, que la suite est sortie aux États-Unis (et a fait des émeutes), vous, vous poireautez de l’autre côté de l’océan, sur le Vieux Contient, qu’on daigne vous traduire un livre d’une langue que vous avez pourtant apprise.
Pas joli-joli.

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Être vraiment fluent in English.

Ok, ok, on a bien dit qu’on ne parlait pas de l’anglais indispensable aujourd’hui, mais moi je ne vous parle pas de celui-là. Je vous parle de celui qui vous permet dans votre vie personnelle de vous ouvrir des barrières (et l’esprit pendant qu’on y est), qui vous permet de voyager, de communiquer (y a rien de plus frustrant que l’incompréhension devant quelqu’un qui ne parle pas votre langue) et de rencontrer des gens. Et un bon niveau d’anglais, ça n’a pas d’égal. Vous devez apprendre l’anglais (le vrai) pour et par vous-même, pour vous enrichir personnellement.

(Petite parenthèse pour vous dire que moi qui étais auparavant réfractaire à la langue anglaise, je fais maintenant ma licence en Angleterre (ET j’adore ça !). Et si j’ai eu le niveau pour y aller, c’est pas tombé du ciel, c’est tombé des livres qui m’ont enseigné sans que je m’en rende compte la grammaire et le vocabulaire anglais. Merci qui ? Merci les livres – et tous ceux qui m’ont incitée/poussée/obligée/forcée (rayez la mention inutile suivant votre situation) à me mettre à l’anglais. Et ouais.)

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La clé d’entrée dans un monde inconnu.

Ce qui vous fait découvrir une culture, une histoire, une civilisation, un outil qui vous permet une compréhension que vous n’aurez d’aucune autre manière, qui vous permettra de voyager et de faire de belles découvertes et rencontres. Si c’est pas beau ça… et prouvé scientifiquement ! Dans cet article et celui-là, on nous explique que les bilingues anglais/allemands par exemple n’ont pas la même manière de penser suivant la langue dans laquelle ils pensent – ceux qui pensent en anglais se concentrent sur l’action, les autres sur le but de l’action.

Mais bien plus que ça (qui est déjà assez incroyable, mais je ne vais pas rentrer dans la philo et le post-structuralisme politique qui vous disent que la langue formate vos pensées parce que vous ne pouvez pas penser en dehors d’elle – oups, je commence à rentrer dans le sujet !), la grammaire, même, montre quelque chose – même si on ne sait pas toujours quoi :P

Pourquoi les Français utilisent la forme nom-adjectif (« un livre génial ») et les Anglais l’inverse (« a great book ») ? Pourquoi les Anglais finissent leurs lettres par « Love » et nous « Bisous« , ça reflète nos mentalités ? Pourquoi ça fait flipper quand on te souhaite « safe trip« , parce que ça implique qu’il pourrait t’arriver un accident, alors qu’en français l’inverse d’un « bon voyage » serait plutôt un voyage rempli de retards et de voisins impolis ? :P

Par la langue, vous découvrirez encore d’autres choses comme le fait que les anglophones soient plus informels : ils disent « Hello » à des inconnus. Pas sûr que dans un livre, la traduction soit « Salut » quand on s’adresse à sa boulangère, par exemple. Pourtant, traduire plus « correctement » pour les Français si polis, serait remplacer par « Bonjour« , et on perdrait ainsi un message subtil qui montre pourtant toute une mentalité anglo-saxonne plus décontractée. Et oui, ça va loin !!

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La liberté, les immigrants la gagnaient autrefois en apprenant la langue de leur nouveau pays…

Ne pas subir la traduction qui déforme et dépoétise un roman.

(avec tout le respect que j’ai pour la traduction bien sûr – sans ça, la littérature à notre disposition serait bien maigre. Mais ceci a malheureusement des limites).

Vous en avez eu un exemple plus haut, une traduction fait bizarre, l’autre ne reflète pas bien la mentalité. Compliqué compliqué (et imaginez le dilemme des traducteurs !) !

Lire en blog-vh-evrything-everythingVO efface donc ce problème, et pour avoir lu beaucoup (beaucoup) de livres en anglais, je peux vous dire que souvent, je me dis que ce n’est bien dit qu’en anglais, que toute traduction serait infidèle. Et en plus de ça, parfois ça massacre la poésie des mots. Parce que le livre Everything everything s’appellerait Tout tout en français si la traduction avait été littérale, parce que The Fault in ourblog-vh-the-fault-in-our-stars Stars n’aurait pas été Nos Étoiles contraires mais La Faute à nos étoiles, etc, et j’ai plein d’autres cas en réserve si vous n’êtes pas convaincus. D’ailleurs, en parlant de ce dernier livre, il m’est arrivé un truc marrant en le lisant. La première fois, en français, j’ai trouvé le livre bof-bien. La deuxième fois, en anglais, j’ai été émerveillée et j’ai même versé ma petite larme à la fin. La magie des mots n’était présente qu’en anglais, car c’est comme ça que l’histoire a été pensée, et ça amène une fluidité et une poésie incomparables. blog-vh-maybe-okayQuand Augustus dit « Maybe ‘okay’ will be our « always » ? » « Okay. » « Okay.« , c’est romantique. En français, d’après ma propre traduction littérale, ça ferait « Peut-être qu' »ok » sera notre toujours. » « Ok » « Ok« . Ça passe juste pas – ça veut encore moins dire quelque chose. Même en remplaçant « ok » avec « d’accord ». No way to make it work. Faut l’imaginer en anglais, avec l’accent américain, et aux États-Unis.

Parce qu’il n’y a rien de tel qu’une langue pour faire voyager, même en pensée. Si vous voulez être à 100% dans une histoire, il faut être dans la langue de l’histoire – et vous, petits chanceux, vous connaissez l’anglais, langue dans lequelle se publient probablement le plus de romans chaque année. Pas mal. US, UK & Co – vous y avez accès !

Redécouvrir la lecture et la richesse d’une langue.

Et c’est assez incroyable.  Moi quand je lisais – non, je dévorais – des livres en français, je lisais en diagonale, j’avalais les histoires. Quand j’ai débuté en anglais, je vous le dis tout de suite, lire en diagonale c’était pas-pos-si-ble. J’ai dû réapprendre à lire tous les mots un par un, j’ai dû dépasser ma frustration de ne pas tout comprendre du tout, et j’ai découvert le secret des mots, qui est particulièrement présent dans la langue anglaise et qu’on oublie. Le secret, c’est que les mots chuchotent ce qu’ils veulent dire. blog-vh-chatUn mot, c’est un signifiant (ex : un chat) et un signifié (l’animal qui miaule et qui est doux). Tu dis « chat » à n’importe qui qui ne parle pas français, il ne va probablement jamais deviner ce que ça veut dire ; le signifiant et le signifié n’ont en commun que le lien qu’on leur a attribué : un mot.
Mais en fait, particulièrement en anglais, ils ont un autre lien : le son. C’est especially vrai pour les verbes. Quelle bruit fait une serpillère ? « Sweeeep« . Une sonnerie ? « Riiiing« . Un object qui tombe ? « Crrrash« . Et voilà, vous avez vos trois verbes : balayer, sonner, s’écraser. Aussi simple que ça. Et quand vous ne connaissez pas un mot, il s’explique un peu tout seul : par son contexte, sa ressemblance à un autre mot, son son. Vous (re)découvrez comment écouter les verbes et la musique que font les mots. Et quand vous découvrez ça en anglais, vous réfléchissez à deux fois en français aussi.
Quand Verlaine dit « L’océan sonore / Palpite sous l’œil / De la lune en deuil / Et palpite encore« , vous entendez les vagues ? Moi oui.

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Un peu hors-sujet mais pour illustrer la poésie sur l’automne, en restant dans le thème chat, parce que pourquoi pas ?

Et « Les sanglots longs des violons de l’automne / Bercent mon cœur d’une langueur monotone« , vous l’entendez la tristesse ? Oui ? Bah voilà, c’est pas compliqué ! Easy peasy, disent nos amis Outre-Manche (‘fin, ça dépend d’où vous vous trouvez : d’où je suis c’est vous, Français, qui êtes Outre-Manche !).

To conclude

Mon insatiable envie de parler – d’écrire plutôt – m’a fait un bavarder un peu trop, mais j’espère vous avoir montré que l’anglais, c’est vraiment super de l’apprendre – ou le réapprendre, il ne faut pas avoir peur de se lancer. C’est tellement gratifiant de lire dans une autre langue. C’est presque magique. Ma théorie personnelle pas très scientifique, c’est que quand on active une zone du cerveau qui est programmée dans une autre langue (ici en anglais en l’occurrence) et qu’on active positivement cette partie du cerveau – en comprenant, en apprenant – ça fait plaisir au cerveau. Parler dans une langue étrangère me fait un effet différent de parler en français, ça me rend encore plus contente. Zarbi, je sais. N’empêche, ça me fait drôlement plaisir de lire en anglais, peut-être justement parce que mon cerveau aime ça, être challengé.

Anyway, je n’avais pas prévu de faire une série d’articles sur ce thème, mais je me sens obligée de scinder ce que j’ai à dire en plusieurs parties ! Je ne voudrais pas vous assommer et vous dégoûter. La suite de l’article sortira prochainement. See you soon.

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6 réflexions sur “« Lire en anglais ? Moi, jamais ! » (or that’s what you thought…) – Partie 1

  1. Super ton article, vraiment!
    A la base, je ne suis pas du tout une littéraire, et je détestais les cours d’anglais, c’était vraiment une contrainte. Je commence à apprécier de plus en plus la lecture et j’ai lu un premier livre en anglais. Bon, pour l’instant, contrairement à ce que tu dis, si je souhaite lire en anglais, c’est pour m’améliorer et notamment dans un but professionnel avant tout.
    Mais je suis complètement d’accord avec ce que tu dis sur la richesse de la langue anglaise et comment tu la compares à la langue française.

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    • Merci beaucoup !! :D
      C’est génial que tu te soies lancée, ce n’est pas du tout la même chose d’étudier l’anglais de manière scolaire et de l’apprendre plus ludiquement en lisant des livres qu’on choisit soi-même ! Si tu as choisis cette méthode pour apprendre l’anglais dans un but professionnel, c’est aussi super. Ce que je voulais dire, c’est qu’il ne faut pas se forcer à s’y mettre juste par devoir et ne pas apprécier, il faut aussi voir ça comme un but personnel et se faire plaisir ;) Je suis ravie que tu partages mon avis ! <3
      Camille

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  2. Certains livres te font aussi découvrir un vocabulaire particulier, je sors de Illuminae 2 et c’est bourré de slang, chum !
    Je suis d’accord avec toi et trouve ton article très chouette :) J’aime beaucoup lire en VO, je trouve que c’est comme les films, une fois qu’on s’y met, c’est très dur de repasser par le « filtre » de la traduction.
    Il y a cependant certaines traductions qui sont très très très bien faites, je pense notamment à celles des romans de Terry Pratchett où toutes les subtilités de langage et puns qu’on aurait du mal à capter en anglais (car justement trop subtil, il faudrait être natif) sont admirablement bien transmis !
    Et puis diantre, c’est vrai que le sentiment au cours de la lecture diffère, à mon sens le français ajoute quelque chose de poétique et plus profond alors que l’anglais est plus impactant. Des fois ça sert, des fois ça dessert. Et puis il y a aussi la musicalité des mots qui entre en jeu, l’auteur la pense dans sa langue et il est certainement difficile pour un traducteur d’arriver à la capter et la retranscrire (c’est le cas pour ton exemple de TFIOS je trouve).
    Bisous !
    Kin

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    • Ah ça, c’est sûr : niveau vocabulaire, c’est incroyable ce que les livres en VO peuvent nous apprendre !! °o°
      Merciii :)
      Tu as raison, une fois qu’on s’y est mis, c’est dur de revenir en arrière, par ce que les traductions, c’est d’un autre niveau… Comme les films doublés !
      Il ne faut pas généraliser, en effet, certaines traductions peuvent être très réussies. Je ne connais pas celles dont tu me parles, mais plus jeune, je lisais énormément de livres traduits et je n’ai jamais vraiment trouvé ça problématique avant de passer à la VO…
      En tous cas, apprendre à lire en langue étrangère apprend plus que cette langue, ça apprend à redécouvrir la lecture !
      Bisous,
      Camille

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  3. Je lis pratiquement tous mes livres en anglais et ça aide vraiment a développer son vocabulaire puis j’aime lire les mots que l’auteur à choisir et pas ceux parfois déformés du traducteur **
    Pour commencer à lire en anglais, je conseille de la romance comme Colleen Hoover qui a une écriture fluide et un vocabulaire pas trop compliqué. Parce que si vous commencez par Robin Hobb, ça va vous dégouter direct par exemple xD

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